Début des missions & petite mise à niveau linguistique

Début de la mission « école »

Il y a une semaine (1er Août), j’étais encore à Santa Ursula. Les cours ont alors repris car les vacances ont débuté 1 semaine plus tôt dans cette école. C’était l’occasion pour moi d’aller « m’entrainer » avec les enfants de maternelle. Je suis allée dans une classe d’élèves qui ont 3 et 4 ans. Le but étant que je me familiarise avec les enfants. Bon la jeune vieille tante que je suis et qui a 9 neveux & nièces est rodée… sauf que là, elles (école que de filles) ne parlent pas français et sont persuadées que je comprends l’espagnol normalement… Comment dire, lorsqu’elles parlent tout bas en marmonnant ce n’est pas évident… C’est en voyant mes grimaces d’incompréhension qu’elles réalisent. Bon j’arrive plus ou moins à me faire comprendre, selon les élèves, et leur volonté à tendre l’oreille. J’ai quand même eu le droit de la part d’une élève à « elle ne comprend pas ta langue » alors que j’essayé de communiquer avec sa camarade dans un espagnol très appliqué tout en faisant attention à ma conjugaison. Du coup pour tenter de me faire comprendre je parle un espagnol « robocope » en détachant chaque mot et parfois cela fonctionne mieux !

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On voit bien que c’est une école de filles…
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Petit aperçu : méthode Montessori, chacun se débrouille avec des petits ateliers. Dans le but de développer la motricité des enfants.

Donc ma mission a débuté la semaine dernière, ça m’a changé du rythme « vacances » que j’avais pu connaître avant. La bonne nouvelle c’est que je n’étais pas toute seule. Il y a une autre volontaire ! Elle est pour l’instant dans une famille d’accueil jusqu’à la semaine prochaine. C’est une Allemande de 18 ans, qui vient à San José pour 1 an. La surprise ? Elle parle et comprend très bien le français ! Ce n’est pas ce qu’il y a de mieux pour progresser en espagnol, mais en même temps, on peut se comprendre plus facilement, et pour discuter et échanger c’est quand même plus sympa ! Nous allions donc toutes les deux 1h avec les maternelles, puis nous avions un cours d’espagnol particulier de 9h à 13h. On avait un peu la tête comme une pastèque en ressortant, mais au moins c’était efficace ! Enfin, nous rejoignons les élèves à leurs activités de l’après-midi, ou alors nous allions nous promener dans le quartier.

La mission à Pachacutec:

Le samedi j’ai préparé mes affaires car je rentrais à San Miguel, dans ma « vraie » maison. Avant cela nous avons fêté l’anniversaire de Sr Andréa, qui a eu 45 ans, même si on lui en donne 35 ! Plus pêchu que ça, ce n’est pas possible ! Bien entendu pour marquer le coup, elle a eu le droit à un gros gâteau plein de crème chantilly comme ils aiment tant ici ! Une fois rentrée, je retrouve mes pénates, et ne traine pas trop car le lendemain le départ est prévu à 6h45, sympa pour un dimanche matin 😉 . Où allons-nous ? …. À Pachacutec !

Alors, alors, le fameux Pachacutec… que l’on prononce « patchacoutek », que es ? C’est ce que l’on pourrait décrire comme une favela au Brésil, ou un bidonville en Afrique ou en Asie, mais ici je ne sais pas s’il y a un mot bien précis pour définir le terme. C’est une ville qui se trouve dans la périphérie de Lima, dans le début des hauteurs de la Cordillère des Andes, sur des montagnes de sable. Si j’ai bien compris ce que disaient les sœurs, il y a un retard de 15 ans par rapport à Lima. Il n’y a pas de quartier riche ou de quartier pauvre, c’est une ville pauvre tout court. Ce sont des maisons de bric & de broc à perte de vue qui continuent de s’étendre sur les villes de Miperú et Ventanilla.

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En bas, normalement on voit la mer
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Ceci est un carrefour…

Cela fait 14 ans que les sœurs y viennent régulièrement. Elles disposent d’une petite maisonnette faite comme toutes les autres habitations, de planches de bois, de contreplaqué, de tripli et autres matériaux de récup. Il y a l’électricité et la télé ! Grand luxe ! Ce « pied à terre » leur permet de venir les week-ends afin de se rendre disponibles sur deux jours. Les sœurs vont visiter des familles, apporter des affaires qu’elles vont donner (habits, jeux, linge de maison…), et pour la suite je la découvrirai au fur-et-à mesure de la mission là-bas. J’ai cependant pu voir la chambre qui m’attendait pour les week-ends à venir :

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J’aime beaucoup le dessus de lit !
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Le séjour
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la « Capilla pinky » la chapelle rose qui se trouve dans la petite maison des soeurs à Pachacutec. Elles sont très fières de la couleur !

Il faut quand même que je vous raconte notre épopée à la péruvienne pour y aller, car ce périple a été épique ! D’après ce que j’avais compris, nous devions partir avec deux sœurs de San Miguel (Sr Rosanna & Sr Yammy), des élèves de l’école préparant leur première communion et moi-même. Tout ça dans l’objectif de retrouver Sr Andréa & Sr Vicky qui étaient déjà sur place depuis la veille. Départ prévu à 6h45 de l’école, pour aller prendre le bus à 7h00 sur l’avenue principale à 5-10 minutes à pied. Nous a rejoint devant l’école, Suzanne, la femme de George (prononcé Rorré), pour qui nous avions construit la maison en 2012. C’était la maison en brique pour ceux qui étaient du voyage ! Je suis bien entendu invitée à revisiter sa maison, et elle m’a encore remercié 4 ans après, pour ce que nous avions fait, c’est touchant. Elle venait en accompagnatrice. Puis une jeune fille est arrivée aussi comme accompagnatrice. Par contre pas l’ombre d’un enfant. Ah bon. Sinon au niveau horaire, nous décidons à 7h10 de nous diriger vers l’arrêt de bus. Un petit mot a été punaisé sur le panneaux d’affichage de l’école pour indiquer de nous retrouver à l’arrêt de bus. En route nous retrouvons un enfant, accompagné de ses parents. Nous nous arrêtons auprès d’un vendeur ambulant de pti-dej péruvien pour boire un petit godet, et enfin nous voilà à l’arrêt de bus ! 7h30, pas de panique, de toute façon il n’y a pas d’horaires pour le bus, il passera quand il passera. C’est bien, cela m’apprend à me détendre au niveau des horaires, moi qui déteste être en retard… Ou alors, soit on impose des horaires et on les respecte, soit on ne fixe rien et on improvise totalement, mais l’entre-deux j’ai encore un peu de mal. Il va falloir que je m’y fasse, car c’est normal ici et ça n’a pas l’air de les stresser plus que ça. Pourtant, le retard c’est peut-être une des rares choses qui me stresse… Bref, le bus arrive, vite vite on se précipite pour ne pas le louper, nous montons à 7 : Sr Rosanna, Sr Yammy, Suzanne, Diego le garçon & sa maman, Maria-José et moi-même. Au final il n’y a qu’un enfant, je n’ai pas du tout comprendre alors…

Dans le bus, toutes les places assises sont prises. J’essaye comme je le peux, de me tenir debout, chose pas évidente. Après avoir refusé de m’assoir par politesse, je comprends que la prochaine place qui se libèrera sera pour moi ! De plus, il paraît que l’on a un long, très long trajet. Ça y est je suis assise ! Amen ! Le bus se remplit gentiment au fur-et-à-mesure, les gens s’entassent comme ils peuvent. Les places sont données en priorité aux mamans avec leur bébé, avec leur enfant et aux personnes un peu plus âgées. Vient alors le moment fatidique où je dois céder ma place à une maman avec son enfant. Je me cale debout et ne bouge plus. Nous sommes tous serrés comme des sardines, mais ça n’est pas pour autant que la conduite du chauffeur est plus souple… Cela doit maintenant faire ¾ d’heure – 1 heure que nous sommes dans le bus, quand Diego assis avec sa maman, ne se sent pas bien. Oups, alerte générale, « una bolsa, una bolsa !!!!! » (un sac, un sac). Le temps d’analyser la situation je comprends qu’il va vomir, chouette chouette chouette, c’est vrai que c’est le moment… Je réalise que j’ai un sac en plastique dans mon sac, vite vite je le vide et lui tend… trop tard… il avait eu un autre sac. Ouf, on a eu chaud, tout est dedans, Miam miam ! En l’espace de 3 secondes, il y a eu une pluie de sac en plastique dans tout le bus. Bon et on jette ça par la fenêtre, en route, ni vu ni connu jt’embrouille. Voilà voilà, ça c’était la partie sympa du voyage… Pour la fin du trajet j’ai réussi à récupérer ma place, champagne ! Puis après 1h30 de route, nous arrivons enfin. Vite vite il faut descendre, pardon, poussez-moi excusez-vous, hop hop, hop, nous voilà sortis ! Tout le monde est là ! C’est à ce moment-là que je réalise vraiment où je suis, enfin pas vraiment justement. Il se trouve qu’en 2012 nous étions venus une demi-journée et que cela nous avaient tous vraiment marqués. Mais de revenir, débarquer de Lima et d’un seul coup d’un seul se retrouver là, je ne savais plus quoi en penser, je n’arrivais pas à savoir ce que je ressentais, le bus m’a un peu secoué et dans la précipitation je n’ai rien vu venir. Nous marchons sur la piste en sable pour rejoindre les autres sœurs à l’une des « paroisses » où elles nous attendent. On se sent comme qui dirait observés par les gens, plus que d’habitude en tout cas. Je ne sais pas bien ce que l’on va faire mais on y va.

Nous avons retrouvé Andréa & Vicky, elles sortaient de la messe avec des enfants à qui elles enseignent le cathé le samedi. Je les vois avec les burettes, le calice et un Tupperware d’hosties sous le bras, et le prêtre vient nous saluer a son aube dans les mains. J’avais cru entendre parler de 3 messes la vieille dans l’explication du programme. Je commence à comprendre. C’est le rallye des paroisses ! Il y en a déjà une sur trois de dites. Les deux autres ont lieu dans d’autres « paroisses » de Pachacutec. Nous nous entassons dans la voiture du curé et dans une autre voiture qui est automatique, avec tout le matos de la messe… Sr Andréa conduit pour la première fois une automatique, c’est moi qui lui explique comment cela fonctionne, nous sommes 5 dans la voiture et la route ressemble tout sauf à une route. C’est assez cocasse comme situation, mais comme dit Sr Andréa, « ça fait partie de la mission, ça fait partie de la mission ! »

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avec les hosties & le calice !

Nous arrivons alors à la deuxième chapelle, sur le panneau la messe commence à 9h00, mais à l’heure péruvienne, à 9h35. Bon ça tombe bien personne ne nous attendait. Nous sommes nous dix avec le prêtre, plus la « toune », la fidèle mémé toujours là pour tout préparer et pour faire la quête. Hop, hop, hop, la messe terminée, il en reste une dernière à dire ! Vite nous remontons dans les voitures et arrivons à la troisième chapelle. Il y a un peu plus de clients cette fois-ci, cool ! Durant la célébration j’aperçois le brancard de procession qui est enooorme ! je réalise alors qu’ici on ne rigole pas. Les Péruviens sont très pieux, la quasi-totalité de la population est catholique. Par exemple la Semana Santa est très importante, le jeudi Saint & le vendredi Saint sont fériés. Ils reproduisent le chemin de croix « en vrai », où celui qui a le rôle de Jésus, doit porter une énorme croix bien lourde, tomber, se fait fouetter, le tout sur une distance plutôt longue… Donc en sachant cela, je ne préfère pas imaginer le nombres de personnes qu’il doit falloir pour porter le brancard de la torture. De plus le terrain de Pachacutec est en pente et est sablonneux…

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Deuxième messe !
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L’énorme brancard de procession qui doit peser 150 tonnes ! (au moins)

La messe est terminée, j’en ai 2 au compteur pour aujourd’hui, mais je dois avouer que cela m’a permis de me « poser » pour réaliser tout ce qui se passait vraiment. Réfléchir et me demander pourquoi j’étais là. J’étais plus dans le trip après, j’étais heureuse d’être là !

Ensuite nous devions ramener la deuxième voiture à la première église. Sr Andréa s’assure que je sais conduire et m’embarque pour prendre leur voiture qui était dans un garage chez un voisin. C’est un petit 4×4 qui est bien approprié aux lieux. Je la suis tout en évitant de me planter dans un trou quelconque sur la « piste », je fais super gaffe aux autres voitures car il n’y a pas vraiment de règles, et surtout je « serre les fesses » ! En route je vois qu’il y a un chapelet qui est accroché au rétro, c’est bon je suis sauvée, il ne m’arrivera rien !

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Je récupère la sœur et nous voilà reparties pour retrouver les autres qui étaient restés à la maisonnette. Nous nous sommes posés quelques instants pour mieux repartir déjeuner. Nous allons dans un resto, un peu comme un routier, bien que les camions ne puissent pas vraiment accéder jusque-là. Nous avions plus que le Suzuki pour entasser 9 personnes dans un quatre places.

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Le super bolide de l’espace !!

Sr Andréa, très optimiste voulait tous nous faire rentrer dedans, sans rire ! Bon après avoir constaté qu’avec deux dans le coffre, trois derrières et un passager, deux sœurs de plus ça allait être chaud à faire rentrer. Elles ont donc pris une moto-taxi pour nous rejoindre. Et plein d’enthousiasme Sr Andréa conduisait à fond la caisse entre les pistes en sable défoncées et la route avec des dos d’âne tous les 10 mètres… « C’est la mission, c’est la mission !! ». Nous déjeunons dans notre troquet avec les J.O. à la télé. Les portions sont dignes d’un routier !

Le fidèle « pollo con arroz » autrement dit le combo poulet-riz à toutes les sauces (et souvent avec des pommes de terre en plus 😉 )

Une fois terminé, nous remontons à 7 dans le 4×4 pour retourner à l’arrêt de bus. Il arrive en même temps que nous, vite, vite, Sr Andréa nous éjecte de la voiture et hop, nous grimpons vite dans le bus qui ne traine pas. Il y avait des places, Amen ! Après ce que nous avons mangé et le réveil très matinal, je ne me suis pas faite prier pour m’endormir au 3e virage et attaquer une petite sieste. Nous mettrons à peu près le même temps qu’à l’aller pour le retour. J’étais contente de rentrer pour pouvoir me reposer, car l’expédition a été courte mais intense ! Je me rends compte que d’essayer en permanence de comprendre une autre langue me fatigue beaucoup plus vite également. Aussi, je ne voulais pas trop trainer car il fallait que je sois opérationnelle pour la reprise des cours le lendemain matin ! Yvonne et sa classe de moyenne-section comptent sur moi !

Un prochain article parlera de cette semaine, de comment se passent les cours, etc… à très bientôt !

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Des moto-taxi qui attendent le client à Pachacutec

2 réflexions au sujet de « Début des missions & petite mise à niveau linguistique »

  1. Super ces nouvelles que nous suivons comme une série à rebondissements !
    Nous attendons les prochains épisodes avec impatience….
    Nous t’embrassons depuis le Méage.
    Isabelle

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